23 mars 2009

La Boîte de Pandore

Lors de la campagne 2007, deux mots étaient sur toutes les lèvres socialistes : "Démocratie participative" (par opposition à la démocratie représentative, celle qui consiste à élire des délégués dans les différents Conseils).
Schématiquement, il s'agit "d'associer" les citoyens aux décisions prises par les élus, en particulier dans une municipalité. En pratique, on convoque des Conseils de Quartier, on débat avec les citoyens, et on tient compte de leur avis.

Seulement voilà,comment être sûr que l'avis des Conseils soit celui de tous les citoyens ? En effet, les membres des Conseils représentent un échantillon non significatif de la population, car ils ne sont pas élus par les citoyens... Le serpent se mord la queue... Finalement, l'échec de la démocratie participative à travers les Conseils de Quartier vient du fait que c'est en pratique l'expression d'une démocratie non représentative.

Une autre idée serait de faire voter tous les administrés sur les questions importantes. Mais très vite, les gens seraient lassés d'aller voter, et le taux d'abstention prendrait des proportions rarement atteintes. Et encore une fois, les plus motivés décideraient au nom des autres...

Dernière idée pour faire gagner cette fausse bonne idée de Ségolène Royale, faire voter les citoyens uniquement sur les questions qui divisent le Conseil municipal, comme l'existence d'une police municpale, par exemple (exemple pris totalement au hasard, toute ressemblance avec des faits avérés etc, etc...). Et alors là, on atteint le sommet de l'hypocrisie et de la lâcheté politique !
En effet, sous couvert de la soi disant transparence, les (ir)responsables politiques peuvent sans problème refuser d'assumer leurs responsabilités. Plutôt que de trancher un débat qui divise sa propre majorité, un Maire peut organiser une "concertation", afin, en réalité, de pouvoir dire, après coup, "c'est pas moi qui l'a dit, c'est les autres !", à la manière maternello-défensive d'un enfant de 5 ans qu'on accuserait d'avoir trop parlé...

Les risques d'une telle méthode sont assez importants.
Tout d'abord, créer un précédent. C'est assez grave, car dès que le "référendum participatif" aura eu lieu une fois, il pourra avoir lieu à chaque fois qu'un problème se présente. Et in fine, cela permettra toutes les lâchetés politiques possibles, et réduira le rôle de maire à apposer une signature en bas des arrêtés.
Deuxièmement, les risques de vives tensions au sein même de la majorité municipale sont accrues. En effet, si un maire a recours à de tels procédés, c'est en général dû au fait que la majorité municipale n'arrive pas à se mettre d'accord sur une question. Dans ce cas, la campagne électorale qui suit la décision d'organiser un vote ne peut qu'exacerber ces différences d'opinion, et rendre le climat délétère en Bureau municipal.
Enfin, et c'est là le plus grave, si les élus ne sont pas d'accord entre eux, il est fort à parier que la population citoyenne non plus. Dès lors, provoquer une élection supplémentaire, c'est risquer une fois de plus de provoquer déchirement de l'électorat, et pire encore, accroître la défiance vis a vis des élus, sur le thème "ils sont élus, ils ont voulu la place, mais c'est à nous de choisir pour eux !".

La démocratie participative, présente un aspect séduisant de "pouvoir rendu au peuple"(quelqu'un a dit démagogie ?), mais gageons qu'elle peut être dangereuse pour la démocratie représentative, et pour la démocratie en général. Espérons qu'elle ne soit pas la Boîte de Pandore...

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